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La poésie comorienne dans sa diversité

La poésie comorienne

Par  M.A.B.Elhad*

(Engagé, Panégyrique,  sacro – religieuse et lyrique)

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«  La poésie est un art aimé par tous les Comoriens, un moyen de communication  privilégié, entre les individus, entre les diverses couches de la population, entre la société des hommes  et celles des femmes et entre les différentes générations » écrivaient Mme Allaoui Masséande et Damir Ben Ali dans l’introduction du recueil contenant l’œuvre de M’bayé Trambwé [1]. Une poésie riche que le ‘’ cercle Pohori[2]‘’ vient de réveiller du cœur de bon nombre de comoriens qui,  à l’occasion de la 3eme édition du Festival International de Poésie Itinérant en Afrique (FIPIA)[3] voir Alwatwan n° 623, 625, et 626, et L.G.D. n° 05 et 06 ; ont compris l’intérêt de la poésie et nombreux sont ceux qui ( hommes, femmes et enfants) ont sorti des tiroirs leurs poèmes pour les lire sur les places publiques, quand ce n’était pas à l’occasion de la journée Mbaé Trambwé ou lors des veillées poétiques du Cercles Pohori (Alwatwan699), circonstances au travers desquelles, des poèmes sont lu en  Hindou, Anglais, Comorien, Swahili, malgache et en Français, et où des diplomates côtoient les Comoriens de tous âges  et de toutes origines. Ceci prouve une fois de plus si besoin est, que la poésie est un art sans aucune frontière et sans restrictions, source où vient puiser ses pécheurs des mots, avec ses différents aspects.
 

Si l’on tient compte des œuvres orales des anciens ; nous pouvons affirmer que des poètes, les Comores en comptent un grand nombre depuis la nuit des temps.

 

 La poésie comorienne a connu plusieurs formes et différents genres, qui à n’en plus douter ont subi particulièrement trois tendances connus, dont les influences arabes, Sawahili et  françaises. Nous référant  aux classiques comoriens dont Mbayé Trambwé Sultan du Washili et roi des poètes comoriens ou M’chinda M’timbé, pour ne citer que ces deux là, nous constaterons que leurs œuvres sont le résultat d’une méditation sur le destin de l’homme, se référant à son patrimoine qui est l’histoire, la mythologie, la religion et la philosophie.

 

            Damir Ben Ali,(cf page 11) l’un des pionniers de la recherche sur la tradition orale, a souligné que le plus ancien poème comorien remonte au XVème siècle. Il a été composé pour relater la destruction de la cité portuaire « Mazuni », ancien chef-lieu du Dimani. Mais il y a eu aussi les griots et les baladeurs qui colportaient le chant et la poésie d’une localité à une autre à travers les îles et qui transmettaient cette richesse de générations en générations. Plusieurs centaines de manuscrits retrouvés dans des bibliothèques à Zanzibar, révèlent aussi l’originalité d’une poésie et d’une littérature comorienne qui datent des siècles antérieurs. Cependant, le chercheur  Ali Mohamed Djalim estime que notre poésie a perdu son originalité face à l’écrit de l’expression française. Or, la poésie comorienne est avant tout orale et que c’est avec l’œuvre de Trambwé que la littérature comorienne, originalement orale, commence à être écrite et traduite en français pour qu’elle soit à la portée d’un public plus large.

 

Ceux qui ont eu la chance de participer au FIPIA de Koimbani en l’an 2000 et qui ont pu se concentrer sur le poème de M’chinda M’timbé, lu par son imitateur Toilib,  ont pu constater le style ésotérique de sa composition, tandis que, le regretté Commissaire Said Toihir originaire de Singani était un poète du sacré ou religieux, ses poèmes ( Mashayinri) lu régulièrement sur les antennes de Radio Comores au mois de ramadan, en témoignent de son mystisisme, et l’ex-Ministre des Affaires Etrangères, le Poète Soef Elamine a consacré une étude sur son œuvre. On retrouve dans ce chapitre des contemporains comoriens qui écrivent en langue française.

 

La poésie panégyrique comorienne :

 

La poésie comorienne d’inspiration  panégyrique, est avant tout orale et présente en toutes circonstances sur l’ensemble du territoire. Que ce soit au cours d’un mariage, lors de festivités de circoncision, quand elle n’est pas utilisée comme instrument de propagande politique ou pour bercer un enfant. C’est tout simplement une poésie de louange le plus souvent chantée.

 

La poésie Comorienne d’expression  arabe :

 

                 Elle se présente de deux manières orale et écrite. Orale tout d’abord, elle est beaucoup plus sacrée que magico-religieuse et prend la forme de chant « Kaswida » aux accents panégyriques à l’égard des saints et de leurs milieux tels que la Mecque et Médine .Parfois cette poésie qui n’est pas forcément rimée peut ressembler à un discours ou alors prendre la forme d’une prière.

Quant à la poésie arabe écrite aux Comores, elle peut l’être avec des lettres arabes et une signification arabe ou comorienne .Ici on peut retrouver des grands hommes de culture tels que cet illustre érudit romancier et poète , le Grand  Moufti Alhabibi Omar Ben Ahmed Ben Aboubacar , un Comoro –Yéménite né le 24/9/1886 et décédé le 9/2/1976 ainsi que Selim A.Bakre , et des hommes cultivés et jeunes tels que Foundi Mouhidine de Mbéni,  sortant de l’une des prestigieuses écoles de culture arabe telle Al Azhar du Caire, auteur d’une poésie et que nous pouvons estimer comme étant élaborée, quand bien même écrit en arabe classique d’inspiration  lyrique ou épique.

La poésie comorienne d’inspiration  swahilie :

Quant à la poésie de courant swahilophone, elle est très limitée par rapport au reste. Elle a puisée ses origines dans l’inspiration arabe. Il nous parait difficile de situer la naissance du poème swahili. Les Portugais ayant semble-t-il détruit les origines de la langue swahili et effacés les moindres traces plus d’une fois et au cours de deux siècles [1498-1698]  seules quelques vers auraient surpassé le temps, et d’une manière générale, le poème swahili est écrit pour être chanté. Les villes du  littoral-Est du continent africain ont connu pendant deux siècles, sous les Omanais les  superbes  chefs d’œuvres  poétiques de la littérature swahili , si bien que les grands poètes se réunissaient en cercle pour réciter leurs poèmes et pour discuter au cours de colloques les évènements courant , leurs tendances et leurs directives. Ils exprimaient leur opinion sur les évènements politiques, religieux, ou sociaux.

La poésie swahilophone est  actuellement  très limitée et son influence parait parmi la population comorienne  ayant étudié ou ayant vécue dans les pays de l’Est de l’Afrique plus particulièrement la Tanzanie, le Kenya et Zanzibar où existent des colonies comoriennes .Ces derniers utilisent comme langue véhiculaire le Ki - sawahili. C’est  une poésie tantôt lyrique, tantôt satirique.

 

            La poésie comorienne de langue française :

L’autre tendance, c’est celle de la poésie comorienne de langue française, qu’elle soit libre ou conforme aux exigences des genres, des formes, des rythmes et de la rime ; elle a son lexique propre, ce qui la rend moderne à bien d’égards.

Elle est avant tout celle des nouvelles générations, la nouvelle vague des poètes comoriens, s’exprime en langue française, tout simplement  parce qu’elle est au Comores, la première langue officielle, une langue qui est plus ou moins maternelle parce que, celle  du colonisateur, donc la plus appropriée au comorien pour s’ouvrir au monde francophone au quel le comorien appartient, influencé par la poésie française apprise sur les bancs de l’école.

Il suffit de lire  « l’Introduction à l’Anthologie de la poésie comorienne de Carol Beckett aux Editions L’harmattan ou le recueil de poèmes produits par le Programme Culturel Bantou du CI.CI.BA. (C.N.D.R.S), ou les journaux de la place, pour  constater l’effervescence que connaît la poésie dans notre pays qu’elle soit en vers réguliers, vers libres en tout cas en alexandrins.

C’est ainsi que l’on peut découvrir les poèmes d’Ali M’lindé, Aboubacar Said Salim,  Dini Nassure, M.A.B.Elhad, mais aussi des jeunes filles telles que Halima Mohamed Soilihi, Saouda Said Omar.S.Madjid. Kokomoina Le constat que l’on peut faire chez la nouvelle génération  des poètes comoriens est que, d’une  certaine manière leurs écrits sont beaucoup plus lyrique parfois marquées par une tendance nationaliste, plus engagée vis à vis des préoccupations immédiates, même s’ils n’ignorent pas les sujets habituels de l’homme : la vie, l’amour, la mort ; les soucis du quotidien, le bonheur, le malheur, les rêveries habituelles… etc.…  

 D’autre part le vers libre prend de plus en plus le dessus sur la rime comme pour se libérer des contraintes de l’alexandrin. Toutefois il faut reconnaître que certains poètes préfèrent et de loin rester dans la musique des mots que constitue la rime.

 

                                               *M.A.B. Elhad Poète Photographe et Artiste Calligraphe

                                                              Auteur  de Kawulu la Mwando aux  Editions Komédit

 


 

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